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photo A.Jocard / AFP |
Ghislain qui a perdu trois membres de sa famille lors du crash du vol Malysian Airlines MH370 a fait part à de son incompréhension à la suite de l'annonce par les gouvernements australien, malaisien et chinois de la suspension des recherches de l'avion.
Reprise des éléments confiés à France Info et au Figaro
Les
recherches sous-marines pour retrouver le vol
MH370 de Malaysia Airlines ont
été suspendues. Cette annonce d'arrêt des recherches faite, mardi 17
janvier, par les gouvernements australien, malaisien et chinois est "totalement
incompréhensible", a réagi Ghislain Wattrelos, mardi sur
franceinfo. Ce dernier a perdu son épouse et deux de ses trois
enfants lors du crash. L'appareil disparu mystérieusement il y a
trois ans n'a pas été localisé dans la zone de recherches de
120 000 km2 déterminée dans le sud de l'océan Indien. Le Boeing 777
s'était volatilisé le 8 mars 2014 avec 239 personnes à bord, peu après
son décollage de Kuala Lumpur à destination de Pékin.
France
info :
Comprenez-vous cette décision de suspendre les recherches ?
Ghislain
Wattrelos : Cette
décision est totalement incompréhensible pour les familles. Il faut savoir que
l'Australie a émis un rapport le 20 décembre. À l'intérieur, ils disent, qu'en
fonction des débris retrouvés, il était évident que la zone de recherches n'est
pas la bonne. Selon eux, il fallait chercher plus au nord. On ne sait
absolument pas où est l'avion.
Vous
contestez l'idée que l'on connaisse la zone où se trouve l'avion ?
Moi, j'ai
toujours dit que cette zone de recherches n'était pas la bonne. Je ne crois pas
aux données de la société britannique fournisseuse de communications par
satellite, Inmarsat. Elle a toujours refusé de donner ses données.
Elle ne les donne même pas aux juges francais qui ont été nommés.
Croyez-vous
qu'il est encore possible de retrouver des pièces de l'appareil ?
Ils ont mis
deux ans à retrouver l'appareil qui effectuait le vol Paris-Rio. Pourtant, ils
savaient, à peu près, où l'avion était tombé. Ici, au bout de deux ans et demi,
on arrête les recherches, alors que l'on ne sait pas où l'avion est tombé. Donc
oui, il faut continuer les recherches. Je demande une coopération
internationale avec la seule enquête indépendante, qui est celle des juges français.
Ils n'ont pas de coopération de la part les États-Unis et de l'Angleterre.
Je parle de la société Boeing, du FBI qui a été le premier à faire l'enquête
sur place en Malaisie, et de la société Inmarsat
Suite du
Figaro :
Seuls trois débris ont été formellement
identifiés comme provenant du vol MH370 dont un flaperon retrouvé à la Réunion.
Pourquoi choisir Madagascar, où aucun morceau de l'avion n'a été trouvé?
On sait que les côtes réunionnaises ont
fait l'objet de recherches car le premier débris y a été retrouvé. Mais pas les
autres côtes. Et après plusieurs analyses de retro-dérive (on regarde les
courants pour savoir où ont fini les débris), on sait que globalement la côte
nord-est de Madagascar devrait être un bon point de départ, afin de remonter le
fil de ce qu'il s'est passé.
Qu'allez-vous faire sur place,
concrètement?
Les habitants ne sont pas vraiment au
courant de l'affaire. On veut les mobiliser pour que des recherches soient
entreprises. Nous souhaitons sensibiliser les médias, les associations de
pêcheurs, essayer de faire une conférence de presse… Pour cela nous cherchons
des contacts, mais nous devons nous débrouiller seuls. J'ai demandé de l'aide à
l'ambassade de France sur place mais pour l'instant je n'ai pas de réponse. On
doit aussi rencontrer là-bas un Américain qui s'intéresse à l'affaire depuis
longtemps, Blaine Gibson (un blogueur indépendant). Je ne sais pas bien qui il
est mais il est l'un des premiers à avoir trouvé des débris, et il assure en
avoir repéré à Madagascar il y a six mois qui n'ont jamais été récoltés par les
enquêteurs.
Comment expliquez-vous que les autorités,
qui dépensent des millions pour des recherches sous-marines couvrant une zone
de 120.000 km2 au large de l'Australie, ne s'intéressent pas aux endroits où on
été trouvés des débris?
On tente de nous faire croire qu'on
cherche, mais on ne cherche pas. Il est évident que les autorités savent ce
qu'il s'est passé avec cet avion. Il suffit d'en parler avec n'importe quel
contrôleur aérien ou n'importe quel militaire: il vous expliquera que si la théorie
officielle est vraie et que l'avion est donc passé sous contrôle aérien du
Vietnam, de la Thaïlande, de la Malaisie, de l'Indonésie, de Singapour et de
l'Australie, il est impossible qu'aucun de ces pays ne l'ait aperçu. Or seul la
Malaisie a confirmé l'avoir repéré. On ne veut pas nous dire la vérité, donc on
va aller la chercher nous-mêmes! Que voulez-vous que l'on fasse d'autre?
Selon vous, les autorités cherchent à
dissimuler la vérité. Pourquoi?
Je ne sais pas. Il serait étonnant que
tous ces pays se soient mis d'accord pour dire qu'ils n'ont pas vu l'avion.
Donc l'autre solution, c'est que le Boeing n'a pas du tout pris ce trajet-là.
Quelle est la théorie la plus plausible,
selon vous?
Dans la mesure où on a trouvé des
débris, l'avion s'est bien crashé. Il est probable qu'il ait été abattu, je ne
sais pas où, comment et par qui. Encore une fois c'est une région très
surveillée militairement, un secteur où les tensions géopolitiques sont
extrêmes. Washington et Pékin surveillent tout ce qu'il s'y passe.
La Malaisie vous tient-elle informée de
l'avancée de l'enquête?
Je n'ai aucun contact avec les autorités
de ce pays, ni avec la compagnie Malaysia Airlines. La Malaisie se tait depuis
très longtemps. Trois mois après la disparition, c'est l'Australie qui a pris
en charge les recherches et c'est elle qui communique depuis. Ce qui est
également très étrange... Pourquoi l'Australie? Selon les règles de l'OACI
(l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale , NDLR), c'est bien la
Malaisie qui est officiellement chargée de l'enquête.
Et l'Australie, qui coordonne les
recherches au large de ses côtes?
Ils m'envoient un compte rendu toutes
les semaines de la zone définie de recherches, où on peut lire plus ou moins la
même chose à chaque fois: 'cette semaine le bateau est en panne, on n'a rien
trouvé', etc.
Ces recherches devraient prendre fin début
2017 si rien n'est trouvé d'ici là. Quelle sera la suite?
Ils disent depuis le début qu'ils
fouillent toute la zone prédéfinie, et qu'après, les recherches s'arrêteront.
Mais ils mettent toujours plus de temps que prévu et ont jusque-là
repoussé l'échéance. Ils ne comptent en tout cas pas réorienter les
recherches vers l'Afrique de l'ouest. On ne sait pas ce qu'il va se passer
ensuite.
Une réunion d'experts a eu lieu au début
du mois. Que pensez-vous de ses conclusions, à savoir que le Boeing 777 est
descendu à une vitesse élevée et qu'il était à court de carburant lorsqu'il
s'est volatilisé?
Je n'ai pas eu d'échos de cette réunion
hormis ce qui est paru dans la presse. Cette histoire de carburant n'a rien de neuf: il
est évident que si l'avion a parcouru une telle distance entre son point de
départ et le lieu présumé de chute selon les autorités, il était à court de
carburant. Il fallait qu'ils trouvent quelque chose à dire à l'issue de cette
réunion d'experts et voilà ce qu'il en ressort. Une évidence.
Le gouvernement français vous soutient-il
dans vos démarches?
Je n'ai plus beaucoup de contact avec
les autorités de mon pays, d'ailleurs il n'y en a jamais vraiment eu. Le silence
de la France dans cette affaire est totalement hallucinant. Quand un Français
se prend un coup de poing à l'autre bout du monde, ils envoient un communiqué.
Là, quatre Français disparaissent, et le gouvernement ne dit rien. Pour moi,
cela veut dire que la France est au courant de quelque chose et qu'elle se
tait.
Avez-vous l'impression que l'on se
désintéresse de cette disparition?
Oui, l'impression aussi qu'on cherche à
clore l'affaire, surtout du côté de la Malaisie, qui n'en parle plus du tout.
Le rapport d'enquête qu'ils ont publié la deuxième année était un vrai
scandale, il tenait sur six lignes. Ils nous ont dit: 'nous n'avons rien
trouvé, donc, selon les normes internationales on peut dire que c'était un accident'. Ils tentent désormais de tourner
la page.
Comment continuez-vous à rechercher la
vérité?
J'ai arrêté de travailler pour me
consacrer aux recherches. Je suis en contact avec quelques détectives, des
spécialistes divers de l'aéronautique, des journalistes qui s'intéressent
encore à l'affaire, j'essaie d'enquêter comme je peux. Je ne peux pas passer ma
vie à cela, mais pour le moment, je ne vois pas comment je peux arrêter. Pour
les autres proches de disparus, ce n'est pas si simple. Moi je suis libre de
mes mouvements et de mes paroles, pour certains c'est beaucoup plus compliqué,
notamment pour les familles chinoises (les passagers du vol MH370 qui assurait
la liaison Kuala Lumpur-Pékin étaient en majorité des Chinois, NDLR). Certains
proches ont passé quelques nuits en prison, juste pour avoir manifesté
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