Quelques incursions TV, la Voix du Nord qui se fait l'écho de son programme et de son ambition en double page (voir photo), une page wikipedia, twitter, facebook...
et dernièrement un portrait aligné avec les 8 autres candidats à la présidence dans le magasine CHALLENGES dont voici l'article de Florent Fayolle, paru dans le magazine du 28/04/2018 :
La concurrence est sévère, les alliances se déclarent, à l'issue le 3 juillet, il n'en restera qu'un !
"La question est vraiment ouverte : qui va succéder à Pierre Gattaz, le patron des patrons, en juillet prochain ? Actuellement, il y a sept challengers, comme autant de lignes autour d'un stade. Inédit dans l'histoire du Medef, première organisation patronale hexagonale. Pourtant à la fin de l'été dernier, l'affaire semblait pliée : Jean-Dominique Senard, le boss de Michelin, leader mondial du pneu, s'était installé sur la piste avec la complicité de l'actuel président du Medef. Pierre Gattaz lui avait en effet réservé le meilleur des tremplins lors de la dernière université d'été du Medef en août, le laissant seul derrière le pupitre quand ses pairs avaient plutôt l'habitude de partager la tribune. Ce dirigeant emblématique du CAC 40 en avait profité pour prononcer un discours brillant qui n'a trompé personne : " Cela ressemblait furieusement à une déclaration de candidature, se souvient un participant. Il a tracé les grandes lignes d'un futur mandat. "
A sa descente de tribune, les applaudissements sont nourris, les éloges pleuvent : " Il est l'homme de la situation pour moderniser le Medef, estime alors un ponte de l'organisation. Et en plus il a l'appui de tout le CAC 40 et du SBF 120. " Seulement voilà : Pierre Gattaz sait, lui, que cela ne vaut pas passeport pour remporter une élection. Il aura donc ce commentaire énigmatique : " On va essayer d'avoir une vague… "
Ce sera le début de l'ambiguïté. Car commence alors un vaudeville dont l'institution patronale a le secret, puisque, sur le papier, Jean-Dominique Senard ne peut pas concourir. En effet, pour se présenter il faut avoir moins de 65 ans le jour de l'élection qui aura lieu en juillet 2018. Or, le patron de la marque au Bibendum a soufflé ses 65 bougies en mars dernier. Pierre Gattaz recense alors les options pour faciliter la candidature de celui qu'il aimerait voir lui succéder. Mais curieusement, il écarte immédiatement la plus facile, une démission anticipée, et refuse également d'avancer la date de l'élection. La manoeuvre, un peu grossière, " était faisable mais pas très élégante car cela revenait à changer les statuts sans le dire ", commente un membre du bureau exécutif.
Du « gâchis » à la « jungle »
Restait la modification des statuts, véritable tabou depuis la tentative avortée de Laurence Parisot de briguer un troisième mandat en 2013. Pierre Gattaz va alors proposer un vote en conseil exécutif pour ouvrir la voie à une interprétation des statuts. Le résultat de la consultation qui a eu lieu mi-décembre est sans appel : c'est un non catégorique. " Comment a-t-on pu mettre un homme comme Jean-Dominique Senard dans cette position ? s'interroge encore un dirigeant patronal. C'est un gâchis énorme. Pierre a très mal géré la situation. D'abord, il a poussé indirectement sa candidature. Mais ensuite, il n'a rien fait pour la favoriser. C'est incompréhensible. " Les partisans de l'actuel patron des patrons ont leur version : " Jean-Dominique a le défaut des patrons du CAC 40 qui pensent qu'ils n'ont pas besoin de passer par une élection pour prendre la tête du Medef. Il n'a pas fait campagne pour convaincre les membres du conseil exécutif de le laisser concourir. "
Le patron de Michelin sur la touche, la horde de challengers va sortir du bois. " C'est la jungle, commente le communicant d'un candidat. Cela ne facilite pas les débats et on peine à définir des stratégies pour se différencier. " Un familier de l'avenue Bosquet, à Paris, où siège le Medef : " C'est mou du genou. A moins de trois mois de l'élection, la campagne a du mal à s'installer. Tout reste ouvert. " En témoigne le débat organisé mi-avril par le mouvement patronal Ethic : les neuf compétiteurs ont eu du mal à se démarquer les uns des autres. Pêle-mêle, ils sont tous d'accord pour développer les services aux entreprises, mieux communiquer ou encore faire plus de lobbying à Bruxelles pour influencer les directives européennes. Bref, ils sont unanimes : face à un président de la République jeune et probusiness, il faut moderniser l'organisation et enterrer le " Medef de combat " de Pierre Gattaz. "L'élection ne va pas se jouer sur les programmes, commente Raymond Soubie, président d'Alixio et ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. C'est la personnalité et la capacité à incarner la fonction qui va faire la différence. "
Deux prétendants en avance
Deux candidats sont très nettement au-dessus de la mêlée : Geoffroy Roux de Bézieux et Alexandre Saubot, tous deux ex-vice-présidents de l'actuel patron des patrons. " Depuis que Gattaz a fait savoir qu'il ne briguerait pas de deuxième mandat, les deux ont commencé discrètement à faire campagne en utilisant leur position, analyse un ponte de l'organisation. Cela fait trois ans qu'ils tissent leur toile dans les Medef territoriaux en multipliant les déplacements en province. " Mais pour un autre, tout reste ouvert : " Le dégagisme ambiant suite à l'élection d'Emmanuel Macron, qui a ringardisé les partis politiques historiques, peut leur être préjudiciable. " Malgré ce constat, les deux compétiteurs ont bel et bien une longueur d'avance.
Geoffroy de Roux de Bézieux, serial entrepreneur de 55 ans, actuellement dirigeant d’Oliviers & Co, et candidat malheureux face à Pierre Gattaz en 2013, n’a jamais caché ses ambitions. Ce passionné de rugby, diplômé de l’Essec, a pour lui sa bonne connaissance du patronat, sa visibilité médiatique et son réseau. « Il a été loyal vis-à-vis de Pierre Gattaz en ne le critiquant jamais, même lorsqu’il n’était pas d’accord, commente un président de fédération. Il a appris de sa défaite. De plus, il sait travailler en équipe et connaît très bien les questions sociales et celles de fiscalité. Enfin, en lançant les universités du numérique il y a trois ans, il a pu prendre conscience du défi immense qui attend les entreprises sur ce plan, notamment les plus petites. » En revanche, il a un gros point faible : il n’a pas une grosse fédération pour le porter à bout de bras. « C’est pour cela qu’il reste très prudent et ne dévoile pas de propositions chocs, ironise un ponte du Medef. Il ne veut froisser personne et surtout pas les grands électeurs. »
De son côté, Alexandre Saubot, 53 ans, polytechnicien rigoureux, patron de Haulotte, une entreprise de taille intermédiaire (ETI) familiale, peut compter sur le soutien de l’UIMM, la puissante fédération de la métallurgie, dont il a été président avant de démissionner en mars pour pouvoir se présenter. C’est la figure sociale de l’organisation depuis mi- 2015, date à laquelle il a pris les rênes du pôle social du Medef et est devenu vice-président de l’Unédic, organisme paritaire gestionnaire de l’assurance- chômage. « C’est un esprit brillant doté d’une capacité d’analyse des grands enjeux hors norme, confie un fin connaisseur de l’organisation. Et un très bon négociateur, capable de dégager des compromis dans des situations inextricables. » Mais les faucons du syndicat (les fédérations du bâtiment et du numérique, le Syntec) lui reprochent de se montrer trop souple face aux syndicats de salariés. « Le problème, c’est qu’il a toujours négocié en cavalier seul, affirme un détracteur. Une fois qu’il a arrêté sa position, rien ne peut le faire changer d’avis. »
Les tensions avaient été particulièrement fortes au printemps 2016 et ont conduit à la démission d’Antoine Foucher, ex-directeur général adjoint du Medef chargé du social, aujourd’hui directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Droit dans ses bottes, Alexandre Saubot met en avant son bilan comme la convention chômage conclue avec les partenaires sociaux en 2017 : « Cet accord a permis de dégager un milliard d’euros d’économie sans augmenter le coût du travail. » Autre exemple, qu’il brandit : le compte pénibilité, mesure de François Hollande qui donnait de l’urticaire au patronat et a été remplacée dans les ordonnances sur le Code du travail par un dispositif simplifié. Quoi qu’il en soit, ces dissensions entre fédérations patronales résument toute la difficulté d’un président du Medef : réussir à concilier des intérêts divergents et parfois antagonistes entre les différentes entités de l’organisation.
Cinq outsiders encore en lice
Reste les cinq outsiders. « Même si les jeux restent ouverts, ils ont peu de chance d’aller jusqu’au bout », relate un ponte de l’avenue Bosquet. Déjà, trois des neuf prétendants qui étaient en lice pour succéder à Pierre Gattaz à la tête du Medef -- Patrick Martin, Fabrice Le Saché et Pierre Brajeux -- ont annoncé jeudi une candidature commune, portée par Patrick Martin, PDG de Martin-Belaysoud Expansion et président du Medef Auvergne-Rhône Alpes. Les trois homment disent vouloir créer une dynamique de "rassemblement" et assurent partager "les mêmes constats pour l'avenir" du syndicat patronal. En vertu de l'accord trouvé, Pierre Brajeux et Fabrice Le Saché retireront leurs candidatures à compter du 4 mai 2018.
Patrick Martin partage avec un de ses concurrents, Frédéric Motte, vice-président délégué de l’organisation et chef de file du patronat dans le Nord la volonté de faire entendre la voix des territoires et d'ouvrir le Medef sur la société civile. Deux autres présidents de Medef territoriaux tentent leur chance - Pierre Brajeux (Hauts-de-Seine) et Olivier Klotz (Alsace) -, tout comme Fabrice Le Saché, 35 ans, entrepreneur du digital et benjamin de la compétition.
Dans le rôle du franc-tireur, il y a aussi Jean-Charles Simon, économiste à la tête de Stacian, une société d’intelligence statistique et d’analyse économique. Libéral assumé, il porte un projet radical et veut en finir avec le paritarisme à la française, un modèle qu’il juge « obsolète ». Enfin, Dominique Carlac’h, ancienne athlète de haut niveau, est l’unique femme candidate. Elle préside deux comités au Medef : entreprenariat et sport. Bien seule dans l’institution à soutenir le rapport Senard-Notat sur l’objet social des entreprises, elle a pour sujets de prédilection les mutations managériales et la RSE (responsabilité sociale et environnementale). La liste des « petits candidats » pourrait cependant se rétrécir car certains devraient se rallier à l’un des deux favoris.
Des prises de position bien timides
Pour les sept candidats à la présidence du Medef, le défi est immense. Selon un sondage réalisé par OpinionWay, 66 % des Français ont une mauvaise image de l’organisation. Et ce pourcentage monte à 91 % parmi les artisans, commerçants et chefs d’entreprise censés les représenter ! Rude constat, alors qu’Ethic, le mouvement patronal qui a commandé cette enquête, a reçu le 10 avril au Cercle Interallié, les candidats pour un débat.
Car malgré cet étonnant avertissement, les prises de position apparaissent encore un brin timides. Certes, la campagne vient réellement tout juste de démarrer, les grandes négociations interprofessionnelles sur l’assurance chômage et la formation professionnelle ayant retardé le coup d’envoi de la bataille. Globalement, tous s’accordent sur la nécessité de rénover en profondeur le fonctionnement du Medef en faisant plus de place aux territoires, à la société civile… « Il faut sortir de la logique d’un Medef grognon pour être force de propositions », diagnostique Alexandre Saubot, le champion de l’UIMM, la puissante fédération de la métallurgie.
Même constat pour l’autre grand favori, Geoffroy de Roux de Bézieux, lui aussi ex-vice-président de l’organisation, qui veut par ailleurs rénover sa communication : « Il y a un souci de pédagogie à mener pour que les Français comprennent les problématiques de l’entreprise. Pour cela, je souhaite qu’il y ait plus de porte-parole capables de porter nos propositions. »
L'ère Gattaz semble révolue
L’autre idée largement partagée, c’est le développement des services aux adhérents. « L’une de nos missions, c’est d’accompagner les chefs d’entreprise dans leurs démarches, explique Frédéric Motte, président du Medef Hauts-de- France. Pour cela, nous devons mettre l’accent sur l’offre et la qualité des services. Je m’inspirerai de ce que nous faisons dans les territoires, bien plus avancés sur l’accompagnement des chefs d’entreprise dans leurs démarches. » Il y a également le rayonnement de l’institution de l’avenue Bosquet à l’international. « Nous devons être plus présents à Bruxelles, constate Patrick Martin, le patron du Medef Auvergne Rhône-Alpes. Les Allemands ont une trentaine de permanents dans la capitale belge, nous n’en avons que trois. Résultat, on subit les directives européennes notamment dans l’industrie.
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